Publié le Par Marie-Michelle Darveau

Vivre de la danse

À toi qui a décidé de contribuer à l’essor de la danse et à la survie de l’art vivant dans notre culture.

À toi qui choisira la danse comme métier.

Vivre de la danse ça veut aussi dire être prêt à porter plusieurs chapeaux. Oui, ton préféré ce sera surement celui d’interprète, mais tu voudras ou auras à enseigner, de façon régulière ou bien juste des ateliers. C’est peut-être le chapeau de chorégraphe ou de répétiteur que tu aimeras porter. Avec le temps tu auras peut-être ton propre studio, ton école ou bien tu deviendras peut-être travailleur culturel afin d’aider les danseurs de demain.

Comme danseur, tu vas peut-être faire partie de ceux qui se sont dédié à maitriser un style, une technique en particulier ou bien de ceux qui ont envie de performer dans tous les styles, et c’est bien correct. Je ne crois pas qu’on ait nécessairement besoin de se mettre dans une boîte avec l’étiquette du ‘style’ qu’on fait. Personnellement, je crois que c’est un bel atout d’être polyvalent et versatile, mais je pense que ça doit être fait de façon intelligente en restant informé, en posant des questions et en s’entourant des meilleurs. La danse, peu importe le style ou la technique, possède une magnifique richesse en terme de sa culture, son origine et de son vocabulaire et ça fait partie de notre devoir de danseur d’être informé sur notre milieu. Que tu sois diplômé des écoles renommées ou que tu sois un autodidacte qui se promène entre New York et L.A, c’est important de continuer à s’entrainer. Classe, workshop, stage, drop-in, intensif, convention…appelons-les comme on veut, mais tu vas mettre beaucoup de temps et d’argent là-dedans. Dans ton parcours, tu vas aussi, et je l’espère, continuer à aller voir des spectacles pour stimuler ta créativité, découvrir ce qui se fait dans ton milieu et encourager ta communauté. Tu vas découvrir que ta communauté de danse elle est peut-être petite, mais elle ressemble à une grande famille.

Si toutefois tu pensais qu’en étant danseur tu ne passerais pas de temps devant un ordinateur, et bien tu te trompes un peu. Qui dit artiste, dit pigiste\travailleur autonome. Tu liras les annonces, les auditions, les offres, tu feras de la recherche musicale, du montage. Tu vas envoyer bien des courriels, des démos, des c.v… Tu rempliras peut-être des demandes de subventions et des applications. Tu seras peut-être dans une agence… ou pas, mais tu seras quand même ton propre ‘boss’. À ne pas oublier, ton agenda deviendra ton meilleur ami! La routine? Oublie! Une chose est certaine, toi tu la trouveras jamais plate ta ‘job’. Ta fin de semaine ce sera probablement mardi-mercredi, mais quand tu seras rendu à être payé pour danser un samedi, toi tu auras envie d’aller travailler!

Il y a deux côtés à une médaille. Il y aura des moments où tu seras tellement occupé que tu ne verras pas les jours passer, mais il y aura probablement des moments de solitude, des blessures, d’attente, de doute… Des moments de remise en question à savoir si tu devrais aller à l’université pour trouver un ‘vrai métier’. Ton année sera comparable à une vraie montagne russe, mais les hauts seront si hauts et si satisfaisants que tu finiras par oublier les moments plus bas.

La réalité aussi, c’est que tu te feras peut-être offrir des contrats non rémunérés. Tu as le droit de dire non, mais tu as le droit de dire oui si tu en as envie. Tu te trouveras des excuses, des raisons qui font du sens pour toi, pour commencer, pour mettre de quoi sur ton C.V., pour l’expérience, pour la ‘visibilité’…mais connais tes limites. Tu as le droit, toi aussi, à des bonnes conditions de travail. Même si tu es ‘ultra’ passionné, parfois, il faut même refuser pour ne pas brûler la chandelle par les deux bouts. Il ne faut pas tuer cette passion et il faut faire attention à notre corps, c’est quand même notre outil de travail.

Avouons-le, financièrement ce ne sera pas toujours la stabilité. Surtout, ne te sens pas mal et n’ai pas honte d’avoir un emploi à côté. Que ce soit dans un bar, un café, ou dans un magasin. Tu le feras peut-être pour arrondir les fins de mois, ou juste parce que tu aimes ça. L’équilibre ça fait toujours du bien.

Le meilleur conseil que je pourrais te donner ce serait de bien t’entourer; prof de confiance, mentor, source d’inspiration. Trouve des gens généreux près de toi qui te motiveront à te surpasser, qui te stimuleront artistiquement et qui t’encourageront à aller plus loin. Tu vas voir, les rencontres enrichissantes que tu auras au cours des années sont, selon moi, une des plus belles richesses de notre milieu.  En choisissant cette carrière, tu pars pour une longue croisière où les aventures, les défis, les obstacles, la fierté, le surpassement n’ont pas de limite!

Rendons-nous à l’évidence, en 2019, des parcours qui te mèneront à vivre de la danse, il y en a plus d’un. C’est pour ça que c’est important de te rappeler tes buts et de tes objectifs que tu t’es fixés à court et à long terme, surtout quand tu as envie de te comparer. C’est important de trouver ce que TOI tu aimes de la danse et ce que tu veux en faire. Le jour où la danse sera ton gagne-pain, n’oublie jamais que tu es privilégié de vivre de ta passion. Ton statut de danseur professionnel tu ne le portes pas seulement parce que tu as atteint un haut niveau technique. Tu le portes surtout parce que tu as décidé que la danse mérite sa place dans la liste des métiers autant que celui de chanteur, acteur ou dentiste. Tu as décidé que ce qui était important pour toi dans la vie c’était d’être heureux chaque fois que tu te lèves pour aller travailler et je te souhaite d’y arriver.

Marie-Michelle Darveau