Publié le Par Claudine Hebert

Canicule en Vénétie

Isabelle habite à la maison depuis deux semaines déjà. Ensemble, on prépare nos valises pour la tournée. C’est pratique une compagnie où les filles sont presque toutes de la même taille: on a toujours accès à la garde-robe d’une autre lorsque fatiguée de la nôtre.

Ceci dit, cette valise sera petite, car c’est la canicule en Italie et on y restera qu’une petite semaine.

Les danseurs arrivent en groupe à l’aéroport qui, d’ailleurs, est très achalandé. C’est la folie au comptoir d’enregistrement: le directeur technique n’a pas de place sur l’avion, la tension monte…Est-ce que quelqu’un devra lui céder sa place et partir demain? Eh bien, non! La crise est évitée…léger problème de communication. Nous passons donc la sécurité et poursuivons le rituel avec notre souper pré-avion: même resto, même repas, même verre de vin à chaque fois…Nous sommes des êtres d’habitudes!

Assise dans l’avion, pas de courriel, pas d’entraînement, pas de répétition, pas de classe…Juste mes bas de contention, une couverture et mon capuchon. Honnêtement, j’adore ce moment: quelques heures de repos à ne rien faire! Délicieux sommeil d’avion (j’exagère à peine)…

Une fois arrivée en Italie, la chaleur est si intense que je ne fais que chercher l’ombre, je suis trop habillée (en noir??!!) pour le temps qu’il fait. C’est la CANICULE en Italie. Ceux qui me connaissent savent que je déteste la chaleur excessive…

Malgré la fatigue, on se dépêche de laisser nos valises à l’hôtel afin de pouvoir courir acheter de l’eau et quelques trucs à grignoter avant que les marchés et restaurants ne ferment pour la traditionnelle pause de l’après-midi.

Je suis épuisée, affamée et j’ai beaucoup TROP CHAUD…

Vite, la sieste avant l’apéro!

Autour de 17:00, l’équipe se retrouve sur un pont qui fait face aux Alpes. La vue est magnifique: les arbres, les montagnes, l’architecture pittoresque. Nous descendons près de l’eau afin d’y mettre les pieds. L’eau est froide, mais la température extérieure est si chaude que c’est sans hésitation que nous y plongeons! Je dis donc au revoir à mes jambes d’avion et sens le sang qui se remet à circuler dans mon corps tout entier.

J’ai hâte d’aller au lit, le décalage se fait ressentir…

Dès le lendemain, les répétitions reprennent. Nous avons accès à un ancien garage transformé en studio de danse pour travailler.

 

La pièce que nous présentons est une nouvelle mouture. Il faut solidifier le matériel avant de monter sur scène et préparer la technique.

Il fait chaud dans le studio, tout le monde est trempé; la rivière sera très accueillante après le travail!

Le soir arrive. Nous devons attendre que le soleil se couche afin de travailler dans les éclairages, car nous dansons sur une scène extérieure dans l’enseigne d’un vieux château. Nous travaillons de nuit, accompagnés par les chauves-souris qui passent au- dessus de nos têtes, les millions de papillons et autres insectes nocturnes, attirés par les lumières de la scène.

Je suis en Italie, dans un château, entourée d’artistes, d’ami(e)s inspirant(e)s et je danse…Je ne voudrais pas être ailleurs.

Jour de Première. Les Italiens sont bien connus pour leur retard dans les théâtres…Le spectacle est annoncé à 21:00, mais nous savons très bien que cela signifie 21:30 ou même 22:00…

Maquillage et «pre-set» de chaque côté de la scène: bouteilles d’eau, costumes et 500 oeillets! On doit faire un test sur la scène avec une des tables qui se trouve dans le spectacle. La veille, alors que je me trouvais couchée en dessous de celle-ci, elle s’est fendue sous le poids de mon partenaire qui dansait dessus…On ne voudrait quand même pas qu’elle s’effondre en pleine représentation!

Derniers instants de répétition: quelques séquences techniques pour s’enraciner et des moments de groupe pour se connecter les uns aux autres.

Nous sommes fébriles…on rit, on délire, on danse n’importe comment, on chante… Nous lâchons notre fou avant d’entrer dans nos sphères respectives de concentration…

15 minutes avant le spectacle, chacun se retire de son côté.

10 minutes avant le spectacle, respiration.

5 minutes…

Go!

Claudine Hébert

Crédits photos: photo 1 Isabelle Arcand, photo 2 Stéphanie Hinton, photo 3 Virginie Brunelle

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