Publié le Par Léa Simard

Danser dans la cuisine

Il est normal pour moi de m’exprimer par différents moyens. C’est un élan qui me vient naturellement. Mes parents étaient tous les deux à leur façon des artistes. Mon père, ayant fait danser ses sœurs toute sa vie, avait développé un talent naturel pour la danse qu’il a partagé ensuite avec ma sœur et moi dès notre enfance. Avec lui, chaque occasion était une fête et donc un autre moment  pour  danser  longtemps  longtemps! Ma mère elle, jouait du piano, chantait et laissait aller quelques mouvements bien à elle, une fois de temps en temps, dans la cuisine! Ça nous faisait tellement rire! 

Danser pour le plaisir, c’était dans notre quotidien. Je fais partie de la génération des filles qui montaient des mini-spectacles de variétés; presqu’à chaque party de famille, avec ma sœur et/ou mes cousines, on adorait se faire des petites chorégraphies pour les présenter aux parents après le souper. À travers ce jeu-là, on s’unissait, on s’affirmait, on s’identifiait ou se distinguait, on imitait et on se synchronisait. Sans le savoir, on explorait toutes sortes de compétences sociales; en plus de s’amuser comme larrons en foire (haha!), on apprenait par la danse! 

Maintenant mère de deux garçons de 6 et 4 ans, je ne peux faire autrement que de transmettre cette pulsion que j’ai vers l’expression de soi. Heureusement, mes enfants embarquent complètement dans ces moments de folie où la cuisine se transforme en piste de danse après le souper! Ce qui est formidable dans tout ça, c’est que j’ai la chance de pouvoir les observer et d’utiliser tout ce que je vois pour mon travail. Je suis responsable pédagogique des programmes de cours de danse chez Louise Lapierre pour les enfants de 2 ans ½ à 5 ans. Je suis inspirée au quotidien par les réflexes, les capacités et l’instinct de mes enfants. C’est une vraie mine d’or pour moi! Chacun à leur façon (car, ils sont très différents l’un de l’autre), mes garçons abordent l’espace, le mouvement, l’énergie, la musique et le rythme à leur manière. On dirait que leur façon de danser reflète une image d’eux-mêmes et de leur relation avec le monde. C’est carrément un langage qu’ils développent de manière très personnelle et indépendante. C’est beau de les voir! 

Évidemment, ils savent que je travaille à l’école de danse (et leur tante aussi d’ailleurs!). Par contre, leur père et moi leur avons vraiment laissé décider s’ils voulaient prendre des cours ou pas. L’aîné est inscrit depuis qu’il a 2 ans ½ et me redemande à chaque année de continuer. Il est un élève sérieux et discret, mais des petites flammes bien brillantes s’allument au fond de ses yeux aussitôt qu’il danse. Je sens que c’est une passion innée chez lui et qu’il le fait réellement dans le plaisir, sans pression ni jugement. Le cadet quant à lui, a d’abord fait du mini-gym, du trampoline et des parcours moteurs parce qu’on sentait que c’était plus son genre…Cette année, il nous a dit : « Moi aussi faire de la danse! » et il a sans doute ajouté un « j’aime kro ça en pluss! » entre deux mouvements de ninja  (haha!). Alors, comme son grand frère, il explore ce vaste monde à travers des jeux et des exercices de rythme, de répétitions, de contrastes, de spacialité, etc…Je les vois s’amuser à travers la fenêtre de leur local respectif, je les vois socialiser, prendre leur place, parler avec leur corps, bouger, expérimenter… Je les vois se divertir à l’intérieur d’une structure bien précise, je les vois réagir aux nouvelles gestuelles et nouveaux codes à apprivoiser, je les  vois  appliquer des indications techniques tout en étant dans le plaisir; je les vois apprendre par la danse! 

Petite confidence en terminant: Quand on perd un peu le contrôle à la maison avec les garçons, que ça se chicane,  ça se tiraille ou ça s’obstine, souvent, on se met à danser dans la cuisine pour briser tout ça! Mon chum prend sa guitare ou on met une chanson que les enfants aiment et puis, on bouge! Je le vois comme une manière de se défouler, de lutter contre la routine, de mettre de la couleur dans nos petits moments de noirceur. Et ça marche! Les garçons se transforment même en moniteurs de danse et à tour de rôle, ils inventent des mouvements que l’on doit reproduire. On a même droit à des petites corrections si ce n’est pas la bonne chose! C’est là que je constate que leurs cours de danse les suivent vraiment tout au long la semaine.  Avec le temps, ils proposent des  mouvements  plus complexes dans notre jeu et ils me parlent des musiques sur lesquelles ils dansent et qu’ils aimeraient qu’on écoute ensemble. J’adore ça! Sourire automatique, bouffée d’air à l’esprit et atmosphère de bien-être. C’est ça danser dans la cuisine! 

Léa Simard

Laisser un commentaire